En tant que candidat aux élections législatives, j’ai été interpellé par la FCPE92 à travers un questionnaire sur certaines questions liées à notre système éducatif.
Certaines questions ont suscité un débat passionnant entre nous et je remercie Isabelle Delhaye et Françoise Guyot, ma remplaçante pour leur contribution à la réponse que je publie ci-après.
La révolution numérique est en marche ; c’est une opportunité et un risque. Une opportunité qui facilite l’accès aux savoirs, accélère la communication, permet des innovations extraordinaires qui impacteront le quotidien de chacun. Mais c’est aussi un risque de fracture entre ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas, entre ceux qui y accèdent et ceux qui ne le peuvent pas. La maîtrise du numérique est un enjeu majeur pour les générations du XXIème siècle.
Etes-vous prêt(e) à proposer un grand plan numérique à l’école en moyens matériels et en termes d’apprentissages et de pratiques pédagogiques ?
Réponse : OUI /
NONExpression : Les plans numériques doivent permettre à tous les élèves l’accès au numérique, tout en leur apportant les outils pour gérer et exploiter positivement la ressource numérique, et en développant chez eux une pensée critique, la capacité à prendre de la distance. En ce sens, le socle commun actuel de connaissances, de compétences et de culture, qui prévoit, à la fois un accès efficace à l’univers numérique et les moyens d’en dépasser les dérives potentielles, par un usage lucide et éclairé, critique, mérite d’être défendu.
L’école, lieu d’intégration à la communauté républicaine, prononce de trop nombreuses sanctions d’exclusion temporaire ou définitive. Dans la majorité des cas, les élèves sont renvoyés chez eux sans aucune mesure éducative, accentuant le risque de décrochage chez les élèves les plus fragiles. La FCPE ne se satisfait pas de cette forme de déscolarisation instituée par l’institution elle-même, alors que la lutte contre le décrochage doit être une priorité. L’école doit cesser d’exclure ses élèves et entrer dans une démarche de prévention et de remédiation.
Etes-vous prêt(e) à proposer un texte de loi interdisant aux établissements scolaires publics d’exclure les élèves ?
Réponse : OUI /
NONExpression : de nombreux laboratoires de recherche en sciences de l’éducation (Nantes, Bourgogne, entre autres) proposent des pistes pour combattre le décrochage scolaire. Non seulement l’exclusion n’est plus admissible, mais le déploiement de moyens pédagogiques pour traiter la difficulté scolaire, d’abord dans la classe doit être renforcé. Une formation initiale et continue de qualité au sein des ESPE est, de ce point de vue, une nécessité. Cette formation doit intégrer davantage encore le traitement de la difficulté scolaire et de la diversité, qu’elle concerne les élèves peu préparés à l’exigence scolaire, les élèves à haut potentiel, les élèves souffrant de handicap, etc. L’école de la refondation est une école de l’inclusion. Ce principe mérite d’être réaffirmé et soutenu concrètement.
L’organisation scolaire actuelle renforce les inégalités. Dans le département des Hauts-de-Seine, 50% des enseignants en éducation prioritaire sont débutants ou peu expérimentés. Malgré des postes ouverts, il est fait le constat d’un impossible rééquilibrage des RASED, quasi inopérants ici et complets ailleurs, faute de mobilité d’une ville à une autre des enseignants spécialisés. Il est urgent d’oser prendre des mesures majeures.
Etes-vous prêt(e) à modifier le processus d’affectation des enseignants pour remédier aux situations aberrantes actuelles ?
Réponse : OUI /
NONExpression : la stabilité des équipes et leur coopération est un facteur déterminant dans la réussite des politiques d’éducation prioritaire, de même qu’une mixité sociale, ethnique et scolaire équilibrée au sein des publics scolaires. L’affectation d’enseignants débutants en REP est problématique si elle n’est pas basée sur le volontariat et accompagnée par des formateurs ESPE et terrain. Il convient donc de penser cet accompagnement, mais aussi, d’inciter les enseignants expérimentés à exercer dans le cadre de l’éducation prioritaire, avec des services allégés et des moyens de concertation indispensables à un travail en équipe efficace. Et pourquoi pas, créer, en plus, une spécialisation de l’enseignement prioritaire au niveau de la formation.
L’école doit permettre aux élèves de devenir acteurs de leur avenir. Elle doit s’engager à ce que chacun accède à un socle commun de compétences ambitieux, pour lui permettre d’évoluer et de s’épanouir dans un monde de plus en plus mouvant et complexe. La FCPE milite pour un droit pour tous à la scolarité jusqu’à 18 ans.
Etes-vous prêt(e) à porter un projet de loi pour une scolarisation obligatoire jusqu’à 18 ans ?
Réponse : OUI /
NONpour défendre le droit à la scolarité jusqu’à 18 ans et à la garantie effective de revenir à une formation qualifiante ou en formation initiale, telle que prévue par la loi d’orientation de 2013Expression : La lutte contre le décrochage scolaire et le maintien des jeunes dans le système scolaire, le plus longtemps possible, est un objectif essentiel pour leur permettre de porter un regard éclairé sur un monde complexe, et d’avoir la capacité de s’y situer, d’y agir et d’y évoluer dans le respect des autres. Toutefois plutôt que de rendre la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, contrainte que certains jeunes ne sont pas prêts à accepter, il est actuellement préférable d’insister sur des dispositifs de retour en formation pour ceux qui ont quitté l’école trop tôt. Il convient également de travailler, comme s’y emploie actuellement le socle commun de 2013, le domaine 3 de la formation de la personne et du citoyen, et donc, de conserver l’enseignement moral et civique, tout en renforçant l’enseignement de la philosophie, pour toutes les filières, y compris professionnelles. En outre un accompagnement spécifique doit permettre aux bacheliers de l’enseignement professionnel d’accéder à l’enseignement supérieur général, la poursuite d’études étant également un gage d’intégration dans le monde actuel.
À terme, je défends l’idée de reconsidérer la scolarité, au-delà du socle commun, avec une architecture qui articule un « enseignement commun » intégrant jusqu’au bout les fondamentaux de la citoyenneté, et une spécialisation permettant à chaque enfant d’opérer des choix pour son avenir, en toute connaissance de cause, et de lui en garantir la réversibilité effective tout au long de sa vie.
L’école publique est et doit rester un bien commun. Elle accueille tous les enfants et jeunes, sans sélection; elle mixe les milieux sociaux et culturels, et prépare le vivre ensemble de demain. La FCPE demande l’arrêt immédiat du financement des écoles privées et l’investissement de cette économie dans l’école publique.
Etes-vous prêt(e) à porter un projet de loi décrétant l’arrêt du financement par l’argent public des établissements scolaires privés ?
Réponse :
OUI/ NON : pas pour l’arrêt totalExpression : défendre l’école publique (et plus généralement, le service public), et une démocratisation effective de l’enseignement, c’est-à-dire le développement, pour tous, des capabilités (A. SEN) nécessaires à l’exercice d’une vie personnelle et citoyenne épanouie, est une absolue nécessité. Les tentatives précédentes pour « toucher » à l’école privée se sont cependant soldées par des désastres. Il convient donc de rester lucides quant à l’impossibilité actuelle, sur le plan des infrastructures, pour le système public, d’accueillir toute la population scolaire, et d’avancer progressivement, tout en respectant, parallèlement, la nécessité de résorber l’absence de mixité sociale au sein des établissements privés. Limiter fortement, dans un premier temps, l’aide que les communes peuvent apporter à l’enseignement privé, tout en incluant cet enseignement dans la carte scolaire, constitue une avancée qui n’est pas négligeable, mais ne sera possible que si les familles modestes sont aidées financièrement dans leur démarche d’accès à l’enseignement privé. Le réinvestissement, dans l’école publique, de l’argent ainsi économisé, est mon objectif.
Il convient également de s’intéresser aux écoles hors contrat, très problématiques à l’heure actuelle (faillite éducative, etc.), et qui échappent, pour l’instant, à tout contrôle efficace en dehors des cas signalés.
Les rythmes scolaires au 1er degré actuels permettent à tous les enfants de bénéficier de 9 demi-journées de classe, dont 5 matinées. Toutefois, des villes, dont 8 dans les Hauts-de-Seine, ont fait le choix du dispositif dérogatoire permettant d ‘être sur 8 demi-journées, et privent ainsi les élèves de journées de classe allégées. De plus, pour la FCPE, l’aménagement des rythmes scolaires doit aller au-delà de l’organisation de la semaine; le calendrier scolaire annuel doit permettre de respecter la règle des 7 semaines de classe / 2 semaines de repos et d’augmenter le nombre de jours de classe pour diminuer le volume horaire hebdomadaire.
Etes-vous prêt(e) à porter un projet de loi décrétant l’arrêt du dispositif dérogatoire de 8 demi-journées et l’augmentation du nombre de jours de classe ?
Réponse : OUI /
NONExpression : oui, sans restriction. Il convient, en outre, de repenser les continuités et les ruptures entre les temps scolaire et péri-scolaire : continuité éducative (valeurs, règles de fonctionnement, etc .), mais distinction nette entre ce qui relève des enseignements de l’école et ce qui relève des pratiques de loisirs encadrés. Il s’agit d’éviter les confusions dans la tête des élèves, sources de malentendus, notamment scolaires. Des moments de concertation sont indispensables entre les instances concernées.
Je demande, en outre, que les collectivités locales cessent de fermer les cuisines dans les écoles/collèges. La liaison froide supprime la convivialité liée à la fabrication du repas, sur place, par un vrai chef et affecte la qualité gustative et nutritionnelle des préparations. Elle entraîne un fort taux de déchets alimentaires qui coûte cher et empêche d’acheter des produits de qualité. Elle industrialise l’alimentation qui devrait être un acte local de convivialité permettant une sensibilisation effective des enfants, dans le cadre de l’éducation à la santé.
En tant que député je ferai une proposition de loi pour aider au financement de la réintroduction de cuisines dans les écoles. Je ferai aussi une proposition de loi afin d’imposer, d’ici à 5 ans, 100% de produits bio dans les cantines des écoles.
L’école publique accueille tous les enfants dans le respect du code de l’éducation et de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Pour autant, des enfants peuvent se voir priver d’un de leurs parents sans papiers. Eux-mêmes peuvent voir leur scolarité interrompue à leur majorité faute de papiers.
Etes-vous prêt(e) à faire modifier le code d’entrée de séjours des étrangers pour éviter la séparation de familles d’enfants scolarisés et l’interruption de la formation de jeunes sur le territoire français ?
Réponse : OUI /
NONExpression : sans restriction.