Les énergies renouvelables gagnent une part de marché croissante du marché de l’énergie en Europe et en France. Cela est principalement dû à deux facteurs:
– une décision politique de décarboner l’économie pour lutter contre le changement climatique. Cette décision a été renforcée par l’accord de Paris en 2015 pendant la COP21
– une forte baisse des coûts de production pour les 2 principales sources d’énergie renouvelable: l’éolien et l’énergie solaire.

Cela a de fortes conséquences sur le marché de l’énergie.
D’abord cela a entraîné le développement de petits producteurs locaux et l’émergence des consomm’acteurs de l’énergie. Qu’est ce qu’un consomm’acteur ? C’est un producteur qui consomme lui-même partiellement ou totalement sa production. Il s’agit généralement d’un particulier qui fait l’installation de 6 kwc de panneaux solaires sur le toit de son logement.
Cette multitude de petits producteurs mène à une décentralisation croissante d’un marché de l’énergie principalement organisé aujourd’hui autour de grandes sources centrales d’énergie. C’est particulièrement vrai en France où 58 centrales nucléaires produisent 75% de la production électrique totale.
Dans le même temps, la technologie de la blockchain a mûri passant d’une crypto-monnaie seulement (i. Le bitcoin) à une technologie qui pourrait pénétrer d’autres marchés. La blockchain est une technologie de « transactions de pair à pair » : chaque participant d’un réseau peut y effectuer des transactions avec chaque autre participant, directement et sans intermédiaire. La nouveauté réside dans le fait que les transactions ne sont plus archivées dans des bases de données centralisées, mais de façon décentralisée, sur tous les ordinateurs participants.
Avec l’introduction du contrat intelligent (smart contract) par la blockchain Ethereum, l’auto-exécution de contrats sur la blockchain pourra fournir un historique vérifiable, non-répudiable et cryptographiquement sécurisé des transactions automatisées. Grâce aux smart contracts la blockchain peut donc rendre d’autres services que simplement l’échange d’argent.
Joichi Ito considère que le marché de l’énergie s’intègre particulièrement bien à la technologie de la blockchain.
«L’énergie est la seule autre chose (avec la monnaie) qui a de la rareté et qui se transmet via un réseau. Il y a une parfaite concordance entre l’énergie et la blockchain. Si je partage ma musique avec vous sur Internet, je l’ai toujours, je ne vous en ai envoyé qu’une copie. En revanche une fois que je vous vends/donne mon énergie sur la blockchain je ne l’ai plus. »

La technologie de la blockchain en est encore à ses débuts et il existe de nombreuses incertitudes quant à sa pleine acceptation sur le marché: les coûts de transaction attachés à la chaîne de blocs, les risques de sécurité et les obstacles réglementaires.
Quand ces questions seront levées, la blockchain pourra contribuer à la transition énergétique d’un système centralisé vers un système d’énergie décentralisé puis distribué fondé principalement sur les énergies renouvelables. Elle pourra d’abord faciliter l’adoption des énergies renouvelables par les consomm’acteurs locaux en :
- facilitant les transactions locales de faible valeur,
- réduisant les frictions liées à l’intrusion politique sur le marché
- facilitant la tarification du rechargement des véhicules électriques.
L’équilibrage de l’offre et de la demande est également un défi rencontré par les réseaux intelligents et un de ceux qui pourrait être résolu par la blockchain.
Enfin et peut-être plus important encore, la blockchain pourrait aider les gens à gérer leur propre consommation d’énergie, ce qu’ils ne font pas actuellement, éliminant la barrière ultime aux économies d’énergie, un facteur-clé pour une transition énergétique réussie.
Pour en savoir plus: Can the blockchain help accelerate the energy transition in France and in Europe?