La municipalité de Rueil a organisé des visites du site du futur éco-quartier en mai et juin. Ces visites ont été conduites par Mme Marine LINGLART‐LIME, responsable d’Urban Eco. Urban Eco est le cabinet conseil choisi par la ville pour conduire la réflexion sur l’aménagement urbain du futur éco-quartier. Nous publions ci-dessous le compte-rendu de la visite du 14 juin 2014 rédigé par Didier Lescaudron. Nous l’en remercions et vous invitons à nous écrire pour avoir votre avis et vos idées sur l’éco-quartier. Nous publierons vos commentaires.
Pour rappel l’éco-quartier se construira sur une ZAC dont voici le contour tel qu’il a été adopté en conseil municipal en mai 2014: ZAC Mont Valérien.
Déroulement: départ Mairie annexe – rue de la Chapelle – rue du Plateau – avenue G Pompidou – Marché des Godardes – Rue des Bons raisins – fin devant l’entrée de Renault, rue des Bons raisins
Arrêts et commentaires devant les points remarquables suivants :
– Entrée rue de la Chapelle :
La rue des Bons raisins est l’une des voies transversales du futur écoquartier entre la station de métro et le centre-ville. Elle devra donc être aménagée avec une emprise supérieure d’un côté ou/et de l’autre pour concilier les circulations piéton, vélo, bus et voiture (Remarque valable pour plusieurs rues du quartier). Une demande serait le maintien des arbres existants le long de la rue des Bons Raisins.
Les maisons de ville du côté gauche de la rue de la Chapelle (numéros pairs) seraient incluses dans le plan de la future ZAC. Côté droit, les quelques pavillons en descendant (numéros impairs) sont attenants au terrain Renault et se verraient expropriés.
Autres éléments : La rue de la Chapelle est soumise à une circulation importante car de nombreux automobilistes évitent ainsi les feux de la rue Gallieni et de l‘avenue G Pompidou pour accéder à l’avenue du 18 Juin. Sa mise en sens unique (dans le sens de sa montée ?) est à étudier.
– Angle rue de la Chapelle, rue du Plateau. L’espace privé de la Chapelle notre Dame de la Compassion risque aussi d’être remanié. Rue du Plateau, l’importance des bâtiments Renault actuellement inoccupés interroge la déconstruction de cet ensemble et les éventuelles nuisances que cela va créer. Les habitants de la rue de la Chapelle et du secteur devront être attentifs à la destination de ces espaces mais aussi au déroulement des travaux de déconstruction. Une hypothèse préférable : déconstruction en même temps de l’ensemble des bâtiments afin de limiter la durée des désagréments. Amiante, plomb et autres métaux, bois, béton, verre, etc., de nombreux camions devront emporter ces déblais vers des barges à quai sur la Seine. Cependant, une partie de ces matériaux (béton de remblai par exemple) pourrait servir pour aménager les terrains de l’écoquartier.
Avenue G Pompidou. Au niveau de l’entrée des terrains Renault actuellement en friche sur l’axe Sud-Ouest Nord-Est des futurs aménagements. A l’intérieur du site, une rangée de grands tilleuls existe. Ils devraient appartenir à l’axe végétal (coulée verte) de l’écoquartier. Cet axe irait approximativement jusqu’à la place jean Bru. Mme Linglart indique qu’à part ces quelques tilleuls, globalement peu d’arbres sont remarquables sur le périmètre de la ZAC. De ce côté du site, seraient installées la nouvelle caserne de pompiers et une maison de retraite.
Angle rue Bons raisins rue Voltaire. Un nouvel équipement sportif prendra la place du gymnase Mimoun (et des ateliers municipaux ?) ce seront une piscine semi enterrée, un gymnase et sur son toit un petit stade foot / athlétisme … Tout sera fait pour que le marché des Godardes et la place des Maîtres Vignerons s’articulent avec une entrée sur l’écoquartier. Mme Linglart indique aussi qu’en plus de l’axe vert qui traversera l’écoquartier (globalement Nord Sud), un parc d’un seul tenant de 5000m2 sera intégré au projet. Cela correspond à un demi-hectare sur les 14 que représente la surface du site.
En synthèse, une question centrale : le nombre de logements créés et l’effet population induit. Nous notons une fluctuation dans le discours de Mme Linglart concernant le nombre de logements créés sur le site : le 19 mai elle parla de 1500. Ce jour, en premier, elle indique la construction de 1000 à 1200 puis après une demande de confirmation, elle revient sur ses propos et parle selon la configuration du projet entre 1000 et 2000 logements crées.
Commentaires : une telle fourchette (imaginons en moyenne de 3000 à 5500 habitants en plus sur le quartier) donc presque du simple au double ne seront pas sans conséquences diverses, par exemples sur les circulations, les aménagements, le bruit, la place des espaces verts ou des lieux de convivialité, celle des activités professionnelles ou des écoles, la hauteur des immeubles, etc. Il ne s’agit pas de nier les besoins en habitat de la ville et de l’Ile-de-France, en particulier en logements sociaux (càd 25% de l’habitat construit). Tenant compte de la présence d’une station de métro qu’il faudra « rentabiliser » et du coût des équipements collectifs qui seront pris en charge par les ventes d’appartements plus ou moins nombreux, nous nous interrogeons sur l’équilibre qui devra être trouvé entre d’une part ce qui répond tant à des critères politiques locaux qu’à des calculs budgétaires incontournables et d’autre part ce qui relève du « bien vivre ensemble ».
L’intervention d’une habitante de la place des maîtres Vignerons éclaire ce débat par une lecture de la place de la jeunesse au coeur de sa cité. Cette dame a témoigné de la gêne que cause la présence de jeunes en soirée qui discutent ou plaisantent sur la place et sous ses fenêtres. La question est comment une ville, et donc une municipalité, composent avec ses adolescents et ses jeunes adultes afin de trouver avec eux des modalités d’existence qui d’une part prennent en compte leurs besoins et d’autre part les aident à avoir du respect pour leur environnement. De ce point de vue, le nombre de logements et donc d’habitants, les caractéristiques des équipements collectifs et des espaces intérieures libres (parc, places et placettes, terrains de jeux en accès semi contrôlés…) induiront des fonctionnements et du « vivre ensemble » plus ou moins satisfaisant. C’est donc en amont que ces questions devront être pensées.
La nature et les coûts des investissements que représente un écoquartier sont une chose qui ne peut être conçue sans que les modalités du fonctionnement quotidien à venir y soient corrélées et anticipées. L’entassement humain apparu dans les années 1960-70 avec les grands ensembles, leurs effets néfastes en partie dus à une trop grand promiscuité et un anonymat lié au surnombre doivent nous alerter sur cet équilibre à trouver sur le Plateau Mt Valérien. Une véritable concertation avec les habitants prenant en compte leur avis sur ce qui se passe au quotidien est l’une des conditions qui, nous l’espérons, permettra d’éviter les erreurs du passé. Les éclairages qui leur seront donnés sur les constats effectués sur des écoquartiers récents seront utiles. Le partage et la compréhension des mutations contemporaines et de leurs enjeux sont les conditions d’un progrès sociétal commun.
Didier LESCAUDRON
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